samedi 24 novembre 2012

Un tango du diable - Hervé Jubert

Où l'on retrouve Roberta Morgenstern, la sorcière un peu empâtée, et son jeune collègue du Bureau des Affaires Criminelles, le fougueux mais maladroit Clément Martineau...
Le Quadrille des assassins s'ouvrait par une scène de viol particulièrement explicite, qui pouvait choquer les plus jeunes lecteurs de cette collection pour adolescents. Dans Un tango du diable, Hervé Jubert remet le couvert, avec un meurtre d'entrée, mais surtout une autopsie peu ragoûtante. Je ne sais exactement quel est l'âge visé par la collection Wiz d'Albin Michel, mais faites la même chose dans un film et je ne suis pas sûr que la pellicule soit autorisée pour tous publics.
Une fois ce problème récurrent souligné, laissons-nous happer par le savoir-faire d'Hervé Jubert, qui nous entraîne dans une folle course-poursuite dans Bâle, sur les traces du Baron des Brumes, un meurtrier en série qui tue ses victimes selon différentes techniques de torture issues d'époques passées. Roberta et Clément n'auront de cesse de l'arrêter, même si Martineau, influencé par son chef Floud — qui brigue le poste de maire — évolue peu à peu dans ce roman, et pas dans le bon sens. De jeune homme fougueux, tête en l'air et amoureux transi, il se transforme en enquêteur raide et xénophobe. Il faut dire que tout est fait pour que la population de Bâle suive son exemple : par une savante relecture de l'histoire, Floud et ses acolytes, des sorciers issus du même Collège que Roberta, mettent les méfaits du Baron des brumes — qui se révèle être un golem — sur le compte des gitans qui peuplent la Basse Ville. Et cette pluie qui ne cesse de tomber...
Il n'y a pas un temps mort dans ce livre, au cours duquel nous faisons la connaissance d'une foule de personnages tous plus hauts en couleur les uns que les autres. On est assurément dans un monde de carton-pâte, mais l'auteur l'assume avec un plaisir communicatif et une gouaille contagieuse. Qui plus est, son univers évolue, à l'image de ses deux protagonistes, Roberta, bien plus charnelle que dans le premier tome, et Martineau, plus complexe qu'un simple gaffeur. Cette évolution est une garantie que l'auteur ne s'est pas contenté de reproduire la recette à succès du premier tome. Mais, s'il est bien quelque chose qu'Hervé Jubert, dans Un tango du diable, a gardé du Quadrille des assassins, c'est le vrai plaisir de lecture qu'il offre, aux adolescents comme aux adultes.

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